L’Enlèvement au Sérail est pour Mozart l’œuvre de l’envol et de l’espoir. A vingt-cinq ans, lassé de ses querelles incessantes et des exigences du prince-archevêque de Salzbourg Colloredo (qui le fait chasser d’un coup de pied au derrière !), le musicien s’installe à Vienne pour chercher fortune en indépendant dans la cosmopolite capitale impériale. Là, les débuts sont encourageants : le public et la cour le remarquent pour ses talents d’interprète et d’improvisateur, et le jeune compositeur reçoit même rapidement de Joseph II la commande d’un opéra en allemand pour le Burgtheater, premier théâtre de la ville. Ce sera donc cet Enlèvement, reflet du goût pour l’époque pour les turqueries, aussi bien dans le choix du sujet que pour les couleurs piquantes de l’orchestre grâce à l’emploi de piccolo, triangle et autres cymbales. Mais surtout, l’œuvre impressionne par la richesse de son inspiration, visible aussi bien dans la tendresse des airs de Belmonte, la virtuosité des vocalises de Constance ou la truculence du rôle d’Osmin, à la voix aussi profonde que l’est sa cruauté. Une telle invention étourdit les Viennois, et jusqu’à l’Empereur, qui, malgré le succès, eut ce mot fameux « Trop de notes, mon cher Mozart » auquel le compositeur se serait permis de répondre : « juste autant qu’il est nécessaire, Sire ! ». La preuve en tout cas que les portes du sérail viennois n’allaient pas être faciles à forcer, même pour le divin Wolfgang…
PROGRAMME
Mozart • Enlèvement au Sérail Opera singspiel en trois actes de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en allemand de Gottlieb Stephanie d’après la pièce de Christoph Friedrich Bretzner
Albina Shagimuratova : Konstanze
Levy Sekgapane : Belmonte
Sahy Ratia : Pedrillo
Florie Valiquette : Blonde
Sulkhan Jaiani : Osmin
Éric Ruf : Narrateur
Ensemble vocal Fiat Cantus : Thomas Tacquet, direction
Adaptation des dialogues par Ivan Alexandre
Julien Chauvin : violon & direction
Le Concert de la Loge